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17 septembre 2007 1 17 /09 /septembre /2007 12:08
Première raison : Dans la Région que je préside, le 400e anniversaire de la fondation de Québec a un retentissement particulier car il s’inscrit dans une histoire au long cours :
- parce que Champlain était saintongeais, né à Brouage en Charente-Maritime ;

- parce que beaucoup d’habitants de ma région ont jadis émigré au Québec (et aussi en Acadie) : dans les mémoires familiales et l’histoire des territoires, ce lien transatlantique perdure ;

- parce que la Région Poitou-Charentes est aujourd’hui engagée dans des actions communes et des partenariats avec le Québec auxquels j’attache beaucoup de prix.

Cela suffirait au plaisir que je prends à cette visite et aux rencontres dont elle sera l’occasion.
Mais d’autres raisons poussent aussi la responsable politique nationale que je suis à m’intéresser de près à ce laboratoire de la modernité, imaginatif et pragmatique, qu’est aujourd’hui le Québec.
Deuxième raison : Notre engagement conjoint dans la francophonie, notre conviction commune que la défendre et la promouvoir, c’est contribuer activement au respect de la diversité des cultures dans une mondialisation qui peut être, selon ce que nous en ferons, une chance riche de nouveaux possibles ou un risque majeur d’uniformisation marchande et d’accentuation des inégalités, toutes choses qui alimenteront les replis apeurés et haineux, les fondamentalismes réactifs et, au bout du compte, les insécurités planétaires.
Cet apport de l’expérience francophone dans un monde globalisé, que le Québec incarne si bien, j’y vois une chance pour civiliser la mondialisation.
Les Québécois savent, eux, ce que défendre une langue, une culture, une histoire, une identité veut dire, pour soi donc aussi pour les autres et en relation avec les autres.
Certaines élites adeptes des conformismes dominants ne voient pas la modernité du message francophone et cette promesse d’avenir contenue dans notre obstination à faire vivre et respecter la langue que nous avons en partage.
J’y vois, moi, les prémisses d’une nouvelle cohabitation planétaire.
Troisième raison : Je suis, vous le savez, partisane d’une relation équilibrée entre l’Europe et les Etats-Unis, où l’amitié n’exclue pas la franchise, la liberté de jugement et, le cas échéant, les désaccords. Le Canada anglophone et le Québec ont l’expérience d’un voisinage au long cours sans inféodation. C’est là un sujet sur lequel les échanges entre nous me paraissent utiles et nécessaires.
En particulier au moment où les organismes de ce qu’on appelle, hélas un peu abusivement, « la gouvernance mondiale » peinent à trouver un second souffle, à s’ouvrir aux préoccupations du sud et aux nouvelles puissances émergentes, à un moment où ils doivent trouver une légitimité et une efficacité en phase avec le monde d’aujourd’hui, ses attentes, ses rapports de forces et ses risques inédits.
Quatrième raison : Dans la lutte contre le réchauffement climatique, le monde a besoin du Canada, directement touché par la fonte de la banquise et engagé dans la « bataille de l’Arctique » qui s’annonce. Je sais que le Canada et la France n’ont pas fait le même choix face au protocole de Kyoto mais, depuis, la prise de conscience écologique s’est partout renforcée. Pour moi qui attache une importance prioritaire à l’excellence et à la sécurité environnementales, ce voyage au Québec est aussi une occasion d’évoquer ces questions et de voir, sur place, des réalisations éco-industrielles exemplaires (comme cette entreprise de construction de maisons à ossature bois que je visiterai à Montmagny).
Cinquième raison : Enfin, et ça n’est pas le moins important, les questions aujourd’hui en débat au Québec autour de ce qu’on y appelle « les accommodements raisonnables » me paraissent essentielles. Comment assumer la pluralité des origines pour fortifier l’appartenance commune ? Comment lutter efficacement contre les discriminations ? Quels droits et quels devoirs pour les individus et les groupes ? Quelle laïcité ? Comment construire une histoire partagée, accueillante à toutes les mémoires et toutes les trajectoires, qui soit un point d’appui pour se projeter ensemble vers l’avenir ?
Ce sont des questions que se posent toutes les nations, toutes les sociétés que les vagues migratoires, la soif croissante de reconnaissance des individus et les effets de la mondialisation poussent à actualiser leurs valeurs communes et leurs règles de vie.
L’expérience québécoise est particulièrement intéressante car elle est à la fois lutte opiniâtre pour être reconnu dans un environnement majoritairement anglophone et volonté reconnaître toutes les composantes actuelles du Québec. Nos approches et nos outils ne sont pas forcément les mêmes mais nos interrogations sont très voisines et je crois que la confrontation de nos expériences respectives peut être très fructueuse.
Sixième raison : J’ajoute que, convaincue que nous devons actualiser un « modèle social » français qui tient mal ses promesses dans le monde d’aujourd’hui, je suis curieuse de voir comment, au Québec, on cherche aussi un nouvel équilibre entre le rôle de l’Etat et celui du marché, entre les adaptations nécessaires et les protections solidaires.
Il me semble que nous avons en commun une culture qui refuse l’effacement de la puissance publique et croit au pouvoir de la volonté politique pour corriger le désordre des choses. C’est, par exemple, le Québec qui, bien avant la France, a mis en place des quotas de chansons en langue française à la radio, mesure de protection et de promotion qui a favorisé l’éclosion des talents et n’est pas étrangère au vif succès des artistes québécois sur la scène internationale. Mais il me semble aussi que ce volontarisme fait bon ménage avec un pragmatisme dont la tradition française est moins familière et qui est pourtant, à mes yeux, une condition de l’efficacité des politiques publiques.
En matière de sécurité, de prévention de la délinquance et de la récidive, en particulier des délinquants sexuels, il y a au Québec des expériences qui font la preuve de leur efficacité car elles ont les moyens de leurs objectifs et se gardent de ce populisme pénal qui, jamais, n’obtient les résultats promis.
Dynamisation économique, protection contre les dérives de la financiarisation, création d’emplois : sur ces sujets aussi, je suis très intéressée par la démarche et les réalisations québécoises.
Comme vous le voyez, l’amitié enracinée dans l’histoire, la curiosité personnelle, les combats partagés et les questionnements communs sont à l’origine d’un voyage dont j’avais depuis longtemps le projet et dont je prends aujourd’hui le temps avec grand plaisir.
Je vais vous faire une confidence : c’est en ouvrant toutes grandes ses portes et ses fenêtres sur l’expérience des autres que la gauche française renouera avec son temps et formulera, à sa manière, une proposition politique en phase avec les attentes actuelles des Français et en prise avec les mutations de notre monde. C’est à cela que je m’emploie.
J’étais il y a quelques jours en Italie et j’y ai vu un bel exemple de démocratie participative associant largement les citoyens au choix des dirigeants et candidats de la gauche.
Je voyage. J’observe. J’écoute. Je regarde ce qui marche et ce qui ne marche pas. Et j’en tire des leçons pour la France.
Ségolène Royal
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17 septembre 2007 1 17 /09 /septembre /2007 11:56
Interrogée lors du Forum Libération, Delphine Batho réagit sur le thème de "la gauche et la lutte contre les violences".

Itv_batho
envoyé par liberation
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10 septembre 2007 1 10 /09 /septembre /2007 22:15
C'est par un retour à sa vraie tradition individualiste et non étatiste que doit s'opérer la refondation intellectuelle du socialisme français. Pour le député européen, ce sont deux dogmatismes - l'un marxiste, l'autre libéral - qu'il faut aujourd'hui rejeter. Avec un objectif à court terme : des assises de la gauche et des progressistes avant même la tenue du congrès du PS prévu au printemps prochain par Vincent Peillon.

Après sa troisième défaite consécutive à l'élection présidentielle, la gauche française dans sa totalité et le Parti socialiste en particulier vont devoir s'interroger sur les raisons de leurs échecs, et entreprendre enfin une mutation trop longtemps différée.
Telle est la tâche qui nous attend si du moins notre objectif est bien de gouverner à nouveau un jour.
La première question que la gauche française va devoir trancher, c'est d'ailleurs celle de son rapport au pouvoir et à la victoire : voulons-nous vraiment gagner, voulons-nous vraiment gouverner ?
Même si c'est dans un autre contexte, et même si c'est avec d'autres acteurs et d'autres résultats, la présidentielle de 2007 a, par certains aspects, reproduit les mêmes erreurs que celle de 2002 : une campagne plus de critiques que de propositions, plus de rejet que de projet. Comme si la gauche avait intériorisé, malgré les efforts de Ségolène Royal pour investir de nouveaux champs, bousculer certains tabous et être mieux en phase avec les attentes de la société, le fait de ne pouvoir être légitime qu'à partir d'un refus et non d'une adhésion. C'est avec cette disposition qu'il nous faut rompre.
Cette rupture ne se fera pas de soi. Elle va supposer des révisions courageuses et des audaces certaines dans notre doctrine, en commençant par faire l'analyse juste de la société et de la modernité, en cessant de plaquer du mécanique sur du vivant, en acceptant de construire de nouveaux instruments d'action. Trouver des réponses aux problèmes des Français plutôt que construire des compromis entre nous : c'est le fil d'or.
La gauche ne peut être seulement le parti de la défense des intérêts acquis et de l'éternelle reproduction du même. Les inégalités entre générations, entre territoires, entre revenus ne sont plus les mêmes aujourd'hui qu'il y a vingt ans. Les familles ne sont plus structurées de la même façon, l'espérance de vie, le rapport à la santé, à la vie et à la mort sont bouleversés. L'école ne s'adresse plus aux mêmes publics et ne rencontre pas les mêmes difficultés : la connaissance, l'information, les loisirs, la consommation se sont transformés. Notre insertion dans l'Europe et dans le monde, les ressorts de la croissance et les formes du capitalisme, les structurations géopolitiques et les menaces environnementales ont changé en profondeur. C'est pourquoi la gauche doit accepter de penser et d'agir autrement. C'est d'une ambition intellectuelle renouvelée dont nous avons d'abord besoin.
Cela supposera que nous ayons enfin le courage de nous affranchir des oripeaux gauchistes et tribuniciens, des «fanfares d'assaut» pour parler comme Jaurès, qui nous encombrent encore. Car ce sont eux qui ont bloqué en grande partie notre capacité à formuler positivement un projet novateur et crédible. Il y en a assez, pour une gauche qui se veut de transformation sociale et d'action, d'être toujours l'otage de ceux qui ne veulent pour rien au monde assumer l'exercice des responsabilités et qui concentrent leurs tirs essentiellement sur elle. A force de trouver la gauche pas assez à gauche, ils ont installé durablement la droite au pouvoir.
Face à la mise en spectacle permanente du nouveau pouvoir impérial, populiste et oligarchique de Nicolas Sarkozy, disons-le simplement : ce n'est pas capituler que de vouloir gouverner et agir, ce n'est pas honteux que de chercher à comprendre le monde tel qu'il est, ce n'est pas trahir que de vouloir faire tomber le mur de Berlin dans nos têtes ! C'est simplement vouloir donner au socialisme sa part, sa chance et son avenir. C'est exercer sa responsabilité. C'est se donner les moyens de la reconquête politique.
Cette exigence intellectuelle renouvelée pour penser le monde tel qu'il est doit s'assumer comme une exigence de sens et de doctrine, en articulation avec notre histoire. La gauche moderne et populaire que nous devons construire ne sera ni danoise, ni italienne, ni anglaise : elle sera française ou elle ne sera pas. La gauche française n'a pas su produire une cohérence idéologique autour de ses valeurs et de sa tradition nationale, pour la raison première qu'elle les méconnaît superbement. Et pour finir, elle s'est laissé voler jusqu'à la République, au moins dans les mots. Le travail, le mérite, l'autorité, l'ordre sont devenus, aux yeux de nos concitoyens, des valeurs de droite. On nous fait ainsi porter les affres de théories qui ne sont pas les nôtres : nous croyons au rôle de la puissance publique pour permettre que tous les individus aient leur droit et leur chance, mais nous sommes, comme le disait Jaurès, individualistes et non étatistes. La vérité est que cette tradition de la République démocratique et sociale dont nous avons besoin relève d'une amnésie au coeur de notre histoire, une blessure ouverte depuis 1 905, laissant face à face deux dogmatismes, le dogmatisme libéral et le dogmatisme ( marxiste, et refoulant tout ce qui a constitué le socialisme français dans sa spécificité propre. C'est à cette amnésie que nous devons l'impossibilité d'articuler ensemble nos actes et nos discours et de vivre dans un grand écart permanent entre angélisme et cynisme. C'est pourquoi la refondation programmatique devra s'engendrer à partir d'une refondation intellectuelle, et que le long détour de la tradition sera nécessaire, une fois de plus, à l'enfantement de l'avenir. Pour mener une bataille idéologique, mieux vaut disposer d'armes et de munitions !
S'il est toujours utile d'être ferme sur les principes, sourcilleux sur les valeurs, rigoureux - dans les analyses, il est désolant et triste de « s'être progressivement laissé gagner par le sectarisme : sectarisme d'appareils malthusiens et vieillissants, coupés des mouvements et de la diversité de la société, des jeunes, des intellectuels, des syndicats et des associations, des nouvelles luttes et des nouvelles solidarités; sectarisme des courants à l'intérieur des appareils, où chacun regarde l'autre avec défiance, toujours prêt à instruire un procès en trahison, en déviance, en ambition, en impureté à son voisin immédiat. Une gauche moderne et conquérante doit rompre avec le sectarisme ! Il faut ouvrir les portes et les fenêtres, il faut imaginer un processus qui transforme en profondeur le Parti socialiste et la gauche française devenus aujourd'hui des machines à produire de la division et de la défaite, il faut changer nos moeurs et apprendre à conjuguer autrement la richesse de notre pluralisme avec l'impératif de notre rassemblement et de notre efficacité.
François Mitterrand a fait le parti dont il avait besoin pour développer sa stratégie politique et préparer la victoire de 1981. C'était il y a plus de trente ans. Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy ont fait de même. Le fétichisme des statuts, qui prévaut chez nous, n'est qu'une expression de l'impuissance politique qui nous a gagnés. La vraie fidélité à l'égard des créateurs, ce n'est jamais la dévotion aux reliques, c'est la capacité de créer à son tour. C'est une des grandes faiblesses de la gauche ne n'avoir pas su unir ses familles dans une cohérence globale et d'avoir voulu sous-traiter à certains des pans entiers de la nouvelle synthèse dont nous avions besoin. L'effondrement du communisme, la reconnaissance que la préoccupation environnementale doit s'inscrire au coeur de la définition des politiques publiques parce qu'elle est constitutive de l'intérêt général, la nécessité d'opérer une reconquête républicaine comme préalable à toute reconquête sociale, l'acceptation du marché et la recherche de nouvelles solidarités, tout cela doit nous amener à transgresser les frontières d'appareils politiques qui se survivent pour des raisons qui n'ont plus lieu d'être, la défense d'intérêts électoraux particuliers et la fidélité à une histoire révolue.
C'est pourquoi, si nous voulons ouvrir un nouveau cycle politique, des assises de la gauche et des progressistes doivent être lancées avant le congrès du Parti socialiste. Les écologistes, les communistes, les démocrates, les radicaux, les citoyens, toutes celles et tous ceux qui dans les syndicats, les associations, veulent construire ensemble une nouvelle gauche française doivent s'y retrouver pour débattre ensemble des orientations qui devront être celles d'une gauche réformiste. Le congrès de refondation devra être l'aboutissement de ce processus. Si nous ne faisons pas cela, nous reproduirons les mêmes enfermements, les mêmes malentendus, et nous laisserons la gauche dans l'état où nous la trouvons aujourd'hui, divisée, fragilisée, repliée, méfiante et sans perspective réellement novatrice et mobilisatrice. Construire la nouvelle formation politique dont nous avons besoin pour mettre en mouvement la société, produire nos nouvelles fenêtres, gagner et agir dans la durée, cela fait aussi partie du cahier des charges qui doit être le nôtre pour préparer la reconquête politique.
Je sais que beaucoup de nos amis, à l'extérieur du Parti socialiste, attendent de nous un signe. Je sais aussi qu'il existe une majorité au sein du Parti socialiste pour construire cette nouvelle espérance. Une gauche qui s'assume comme gauche de gouvernement, et cesse de préférer l'impuissance et l'amertume de la défaite à la responsabilité et l'effort de l'action; une gauche qui accepte d'inscrire cette action dans le monde tel qu'il est plutôt que de sans cesse se légitimer par le refus et se construire par des négations; une gauche qui s'invente une nouvelle vie collective, d'autres moeurs, une nouvelle fraternité; une gauche qui, fidèle à ses valeurs de démocratie, de justice sociale et d'internationalisme, en produise les conditions de réalisation concrètes à partir d'une stratégie offensive et en assumant de façon plus ferme et plus vigoureuse, face à la droite, la bataille des valeurs. Voilà les conditions de la reconquête politique. Alors au travail !

Vincent Peillon (le 23 août 2007)
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3 septembre 2007 1 03 /09 /septembre /2007 11:57













Intervention de Ségolène Royal en ouverture des travaux
:



A l'occasion de l'université d'été du Parti Socialiste à La Rochelle, Ségolène Royal a déclaré vouloir que "le PS soit admiré des Français", affirmant qu'elle allait s'investir pleinement dans "la réflexion collective" des socialistes.

"Je suis là pour que mon parti change et redevienne attractif (...), je veux que l'imagination revienne (...), je veux que le Parti socialiste soit admiré des Français.
Voilà le rêve que je fais pour le PS".

Ségolène Royal a dit déceler "une ambiance nouvelle" à La Rochelle en dépit des "inquiétudes" exprimées ici ou là sur le PS. "Quelque chose se passe à l'université d'été", a-t-elle soutenu.

Elle a insisté sur la "soif très profonde" des militants de "se remettre au travail", qualifiant de "queue de comète" et de "contre-mouvement de ce qui est en train de se produire ici" la sortie de nombreux ouvrages de socialistes, critiques sur sa campagne et le PS.

"La responsabilité des dirigeants est d'être bien conscients de cette aspiration des militants. Je vais à l'encontre du pessimisme sur la difficulté à reconstruire. Les choses iront plus vite que prévu".

Ségolène Royal a relevé que le prochain congrès (au plus tôt au printemps 2008) aura lieu à "une date assez éloignée", ce qui "permet qu'il ne soit pas l'enjeu de l'université d'été" 2007.

Exprimant sa "disponibilité studieuse", Ségolène Royal a indiqué qu'elle assisterait à trois des 18 ateliers prévus d'ici samedi soir, confirmant sa volonté, exprimée samedi dernier à Melle (Deux-Sèvres), de participer au "'travail collectif".
Se félicitant de "la qualité" des intervenants extérieurs --des spécialistes de sciences politiques notamment--, elle a souhaité que le PS "redevienne un lieu d'attraction des meilleurs" chercheurs et intellectuels. "Ce doit être un lieu d'excellence".

Pour lire la vidéo du discours de Ségolène Royal, cliquer ici.


Discours de clôture de François Hollande : les principaux points  abordés :



Sur l'état du PS
"Vous avez démontré par votre présence, par votre travail ici (...) que vous étiez prêts à faire le premier pas pour une nouvelle marche. Cette marche, elle sera longue", a dit le premier secrétaire aux militants du parti. "Elle ne tiendra pas à quelques changements de comportements, de renouvellements de personnes et de modifications statutaires".
"Je ne crois ni à la secousse salvatrice ni à la crise salutaire, je suis pour le changement assumé et maîtrisé, pas pour l'abandon ou le reniement", a-t-il ajouté. "Nous n'avons pas besoin d'abandonner nos valeurs pour être modernes car jamais les valeurs de progrès et de justice sociale n'ont été aussi pertinentes qu'aujourd'hui".
"Je connais les défauts du Parti socialiste: les divisions artificielles, les positionnements de circonstance, les compétitions d'orientations qui ne recouvrent que des allégeances personnelles, les indisciplines, les égotismes, le manque de rigueur".
"Je vous le dis franchement, il faut en finir une fois pour toutes, sinon nous n'en finirons pas avec la droite", a-t-il lancé sous les applaudissements.
"Il faut éviter de nous diviser, tout simplement (...), chercher le compromis avant et pas après, insister sur ce qui nous unit", a-t-il ajouté.
Pour lui, c'est au Parti socialiste que "peut se préparer le changement, l'alternative, l'espérance, et nulle part ailleurs", un PS "sans cesse en mouvement, qui ne doit pas attendre de perdre ou de gagner pour s'interroger sur son histoire, son avenir ou son identité".

Sur le fonctionnement interne du PS
"Je propose un changement de méthode. Plutôt que de partir de nos différences regardées comme autant de divisions pour aboutir, faute de mieux, à des conclusions confuses, partons de nos convergences pour faire apparaître, sur les grandes thématiques mais aussi les sujets les plus difficiles, de véritables choix qui seront proposés au vote des militants", a affirmé François Hollande."Ce vote aura lieu à l'occasion du prochain congrès, après les municipales" de mars 2008, a-t-il ajouté.
Ce qui fait l'unanimité, a-t-il précisé, figurera "dans une nouvelle déclaration de principes" qui constituera la "charte fondamentale" des socialistes.
Quant à "ce qui parfois peut faire difficulté entre nous", il a invité tous les socialistes à respecter "la ligne majoritaire comme la loi de tous".
François Hollande a également prôné, pour son parti, "un exécutif solide et responsable, un parlement doté de moyens de contrôle et représentatif de la diversité, des citoyens actifs".
A l'égard du pouvoir exécutif, il a estimé que "les formes de notre opposition doivent changer", notamment en misant sur "la mémoire, le rappel, la mise en perspective" et en opposant "la raison" à "l'émotion".

Sur le discours du PS
"Nous sommes dans une perpétuelle mauvaise conscience, dans l'équilibrisme, le ni-ni ou dans les formules incantatoires, qui préparent souvent piteusement les compromis avec le réel", a déclaré le premier secrétaire.
"C'est ce qui explique, a-t-il ajouté, que nous ne sommes pas entendus par le plus grand nombre, parce que le PS, et moi aussi parfois, nous parlons une langue connue de lui seul".
"Il faut parler le langage qui est compris par les Français, qui attendent beaucoup de nous", alors qu'ils n'entendent "plus rien de net, de clair de lisible". "Nous oscillons, nous ajoutons, nous additionnons sans convaincre: on ne mobilise pas sur une contradiction", a-t-il reconnu.
"Il faut donc", a dit le premier secrétaire, "affirmer franchement notre identité, sans rien perdre de nos valeurs, de nos idéaux de justice, d'égalité, de nos ambitions transformatrices, de notre internationalisme".
"C'est un de nos chantiers, de mettre le socialisme en rapport avec les défis du monde, de la société d'aujourd'hui", a-t-il dit, très applaudi.

Sur la rénovation du PS
"Rénovation. Le mot est vieux comme le Parti socialiste. A chaque défaite, un rénovateur s'annonce, parfois plusieurs, j'en ai fait partie. Les formules sont connues: 'ouvrir les portes et fenêtres', que n'ai-je entendu ça ? Comme si nous vivions cachés, comme si n'avions pas fait venir 100.000 nouveaux adhérents", s'est exclamé François Hollande.
Le secrétaire du PS a aussi estimé que le renouvellement des générations était "un mouvement réducteur nécessaire, mais qui ne peut pas seulement être réducteur de têtes".
Le PS n'est "pas un logiciel, mais une construction humaine", a-t-il fait valoir.
Le premier secrétaire a récusé l'"idée en vogue" de changer le nom du Parti, une suggestion de Manuel Valls. Il s'est référé à une remarque de François Mitterrand "pleine de sagesse": "Réfléchissez-bien, ça fait cent ans que nous essayons d'imposer la marque. Si nous la laissons tomber, il y en aura bien un pour la ramasser", aurait dit l'ancien président.
"Quand on a le flambeau du Parti socialiste, non seulement on le garde, mais on le porte!", s'est exclamé le député-maire de Tulle, particulièrement applaudi à ce moment de son discours.

Sur les municipales
François Hollande est défavorable à une gestion décentralisée des socialistes "face aux listes du MoDem" et a énoncé "une ligne de conduite simple: nous partons du rassemblement de la gauche, nous portons un projet pour les élections municipales".
"Que ceux qui veulent rejoindre le rassemblement de la gauche, s'accorder sur les propositions qui sont les nôtres et, enfin, s'opposer à Sarkozy, viennent au second tour, ne nous posera aucun problème. Mais ils le feront sur ces bases-là, et aucune autre", a-t-il prévenu
"L'électorat qui ne veut pas choisir entre la gauche et la droite (...) va à la force, pas à la faiblesse", a déclaré le premier secrétaire. Il vient "parce qu'il sent que c'est là que la dynamique se situe".

Sur une union de la Gauche
"Je propose à nos partenaires de la gauche un comité de liaison de la gauche qui se réunirait régulièrement pour porter jugement sur les résultats de la politique gouvernementale et décider des initiatives à engager" notamment sur le pouvoir d'achat, le budget ou les franchises sociales, a déclaré François Hollande.
Le Premier secrétaire a précisé que son appel ne concernait pas "le parti guévariste en train de se créer", allusion au projet de la LCR.
Ensuite, selon le patron du PS, "il faudra aller plus loin, faire des propositions communes, par exemple sur le Grenelle de l'environnnement, pour dire ce que serait une politique de développement durable pour la gauche".
Alors, a affirmé François Hollande, "si la confiance est au rendez-vous" et "si la volonté de construire ensemble une alternative est partagée, nous pourrions organiser des assises de la gauche et des écologistes avant les élections municipales et cantonales".
"Notre stratégie est le rassemblement de la gauche", a-t-il insisté.

Sur Nicolas Sarkozy
"Nous apprenons que Nicolas Sarkozy est venu dans un supermarché de Bois d'Arcy (Yvelines, ndlr), pensant que sa seule présence aux caisses va lutter contre la pauvreté!", a ironisé le Premier secrétaire du PS.
"Il se rendra bientôt dans une agence de l'ANPE pour lutter contre le chômage, dans une agence immobilière pour faire baisser les prix des loyers."
"Je ne sais si cet artifice suffira pour convaincre les Français longtemps", a-t-il déploré.

Sur la fusion GDF-Suez
"Nicolas Sarkozy décide de tout. Il a décidé de la fusion GDF-Suez qu'il condamnait il y a peu. Il a remis en cause un engagement qu'il avait pris de ne pas descendre la participation de l'Etat dans GDF en dessous de 50%", a-t-il dit.
"Il a reçu à La Lanterne (ndlr : résidence d'Etat à Versailles) un syndicat, je crois, pour solde de tout compte de la concertation et puis il a convoqué les conseils d'administration des deux entreprises", a-t-il ajouté.
"Ce n'est pas une bonne manière de faire. Même en matière de politique industrielle, il faut de la transparence mais il faut aussi de la stratégie et pas simplement le bon vouloir du prince", a souligné François Hollande.

Sur le pouvoir d'achat
Il ne s'agit pas "simplement de dénoncer la vie chère, les Français n'ont pas besoin de nous pour savoir que les prix augmentent, mais besoin de savoir ce que nous proposons", a déclaré François Hollande.
Il a insisté sur "la conjugaison de trois hausses": denrées alimentaires, loyers, transports.
"Il faut agir sur la formation des prix, les loyers, le rapport entre producteurs et distributeurs, les transports publics, mais aussi sur les revenus", a-t-il préconisé.
"Plutôt que de consacrer le bouclier fiscal, il eût mieux valu faire un bouclier logement, plutôt que de supprimer l'impôt sur la fortune ou le patrimoine, il eût mieux valu augmenter l'allocation de rentrée scolaire", a-t-il dit.
Pour lui, "un plan de rigueur est en préparation" avec une croissance "inférieure à 2% en 2007, à peine supérieure en 2008", un déficit commercial qui "atteindra un niveau historique", des comptes sociaux "au rouge vermillon" et des engagements européens qui ne pourront être tenus en matière de déficits "pas plus en 2010 qu'en 2012".
Parmi les dispositions de ce plan, il note "les franchises médicales, la TVA dont on finira par changer le nom en TVA sociale et qui sera une augmentation sous une forme ou une autre de la TVA, la CRDS qui va augmenter, et une diminution drastique de la dépense publique".
Le dirigeant a proposé un soutien à l'investissement des entreprises et à une politique industrielle, une réduction des déficits, et la "préparation de l'avenir, avec priorité à la formation, la recherche, l'environnement et le logement".

Sur la mondialisation
"Il y a longtemps que les socialistes ont admis l'économie de marché, ce n'est pas le marché qui pose problème aujourd'hui, c'est la mondialisation", a affirmé le premier secrétaire du PS.
Or "nous donnons l'impression de la regarder en reculant et effrayés, tout en laissant faire", "nous la condamnons, mais nous ne l'affrontons pas", a-t-il dit.
"La mondialisation est un fait irréversible", a insisté le patron du PS. "Elle crée des richesses et elle détruit des ressources et des droits", "elle est notre monde".
D'où "une triple exigence" : "l'exigence de la compétitivité" - les socialistes "doivent porter un projet de croissance", selon lui - "l'exigence de la redistribution" en "corrigeant les écarts de richesses", et "l'exigence de régulation" en imposant "le respect des normes sociales et environnementales".

Source : nouvelobs.com


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30 août 2007 4 30 /08 /août /2007 12:01
Le monde a changé et continue à changer vite. Les comportements changent eux aussi mais la nature humaine change-t-elle vraiment ? Le système médiatique va à 2000 à l’heure, le marché va très vite, l’action publique se déclenche souvent en retard et a besoin de temps pour produire ses effets, au-delà de l’action symbolique et importante des mots.

C’est pourquoi la première refondation nécessaire est liée au temps. Redonner de la profondeur de champ. Cela veut dire donner une priorité à l’enseignement de l’Histoire. C’est aussi ouvrir un grand débat avec les journalistes et les responsables des médias sur les moyens d’éviter l’instantanéité et l’atomisation du temps.

La deuxième refondation est liée à la morale. Je suis convaincu que la stabilité et la qualité de la vie collective dépendent de la morale, de la vertu des citoyens, comme disait Rousseau. En affirmant cela, je n’oublie pas la réalité des rapports de force et la nécessité d’une action collective pour changer les choses. Mais à une époque qui se caractérise à la fois par la montée de l’individualisme (ce qui compte d’abord, c’est moi et les miens ; je peux -ou je dois- m’en tirer seul ; je ne crois plus aux systèmes collectifs) et par la pression sur l’individu des modes et des médias, c’est aussi l’individu qui peut contribuer au progrès.
Le citoyen-usager tient une partie de la solution aux accidents de la route. Le citoyen-consommateur peut choisir le commerce équitable et le citoyen- investisseur les fonds éthiques.
Jaurès parlait de "socialisme individuel". Ce qui veut dire quoi aujourd’hui ? Admettre que la lutte de chaque individu pour conquérir son autonomie et son épanouissement est légitime et nécessaire. Débattre, puis mettre en évidence les comportements vertueux, les comportements citoyens. Y éduquer dès l’école : une éducation citoyenne, et pas seulement une instruction civique. Les valoriser par la reconnaissance publique.

La troisième refondation est liée au sens du monde et dépend pour une part des deux premières. Comment redonner un sens au monde, et, au passage, à l’action collective ? Comment ré-enchanter le monde, face à la religion de l’instant, à la religion de l’argent, face aussi aux tendances sectaires qui se développent dans beaucoup de religions ? Du côté des dérives religieuses, la réponse s’appelle évidemment laïcité, c’est-à-dire autonomie de l’espace public et tolérance. La laïcité n’est pas une vieille lune, c’est une nécessité d’avenir.
Du coté des dérives de l’argent-roi, la réponse devrait être simple. Valoriser, dans tous les sens du terme, le non-marchand, le coopératif, l’économie sociale et solidaire, l’engagement citoyen. Mais aussi abolir les privilèges de l’argent : rémunérations excessives et opaques (pas seulement des dirigeants d’entreprises !), passe-droits, privatisation des territoires ...

La quatrième refondation consiste simplement à rappeler et à se rappeler, les fondamentaux de la gauche, c’est à dire ce qui fait qu’il y a une gauche et une droite, et que ce n’est pas la même chose ! Affirmons que le combat contre les injustices et les inégalités est le premier de tous les combats, combat contre le désordre établi, combat pour instituer un ordre juste. Un peu plus de justice vaut bien un peu moins d’efficacité, si tels sont les termes de l’échange. Affirmons que la solidarité est nécessaire au lien social comme est nécessaire à la vie l’air que l’on respire.

La cinquième refondation consiste dans un pragmatisme absolu (je sais que je vais choquer !) pour rechercher les moyens les mieux adaptés aujourd’hui aux buts que nous poursuivons. En n’oubliant jamais que "la fin ne justifie pas les moyens" et que les moyens choisis influent eux aussi sur la fin. Pragmatisme absolu, cela veut dire regarder partout, sans tabou ni préjugé, ce qui marche.
D’où découle une méthode de changement profondément différente de celle qui a été le plus souvent pratiquée en France. Quel programme pour cette méthode ?
Le débat public en France manque dramatiquement d’une culture de l’évaluation. Sur les retraites par exemple, il ignore le plus souvent le travail consensuel mené par le Conseil d’orientation des retraites qui associe parties prenantes et experts. Même chose pour l’école.
Beaucoup, beaucoup moins de lois et de règlements. Evaluer, avant de légiférer. Fixer un objectif "bête et méchant", faute de quoi on en restera à l’incantation. Par exemple, diviser par 5 le nombre de lois et de règlements.
Avant une éventuelle loi, bien identifier et caractériser un problème, ce qui suppose un débat public organisé, maîtrisé et participatif. Et faire émerger des solutions, qu’elles viennent "d’en haut" ou "d’en bas".
Privilégier partout, à tous les niveaux, le contrat, la négociation, l’expérimentation dès lors que la loi a fixé le cadre. Par exemple, en cas de licenciement collectif, rechercher un accord majoritaire plutôt que de transformer la procédure de licenciement en cérémonial chinois (Frédéric Tiberghien).
Evaluer en permanence (le Parlement), de manière transparente, les résultats effectifs du changement attendu.



La campagne présidentielle a montré que nous avions aussi à retravailler sur les valeurs.
Quelles sont les valeurs identifiantes de la gauche ? La justice et la solidarité. Nous devons les réaffirmer et les traduire en choix concrets.
Quid alors de la valeur travail ? Nicolas Sarkozy a manifestement gagné la bataille idéologique consistant à s’approprier cette valeur. Ségolène Royal a tenté de réagir, mais nécessairement tard et par conséquent en n’échappant pas à une certaine ambiguïté. Comme le souligne Dominique MÉDA, les messages qu’envoient les Français sur cette question sont complexes et nuancés.
Je reprends ici son analyse :
- Les Français sont, parmi les Européens, les plus nombreux à dire que le travail est important. Ceux qui sont le plus attachés au travail comme élément clé de leur existence sont les chômeurs et les précaires.
- Les Français sont aussi les plus nombreux à dire que le travail devrait occuper moins de place dans leur vie.
Les attentes qui se portent sur le travail sont de plus en plus fortes : il doit faire sens, il doit permettre des contacts humains intéressants.
Quelle serait une position de gauche sur le travail ?
S’il faut un slogan : travailler tous, travailler mieux.

En pratique :
- Eradiquer les emplois de piètre qualité (qui d’ailleurs sont souvent peu productifs)
- Investir massivement dans la qualification de la main d’œuvre (formation continue et formation initiale : mettre un terme aux sorties sans qualification du système scolaire).
- Refuser la culpabilisation sur le thème : "nous ne travaillons pas assez". La durée effective annuelle moyenne du travail en Allemagne, aux Pays-Bas ou au Danemark est inférieure à la nôtre (en raison du temps partiel). La productivité française par heure travaillée reste une des plus fortes au monde. Ce qui fait problème ce n’est pas que les Français ne travaillent pas assez, c’est qu’il n’y a pas assez de Français qui travaillent et c’est qu’il y a trop de précarité (en particulier le temps partiel subi).



Enfin, quelques propositions majeures.

1) On nous dit : "Cessez de diaboliser la mondialisation". "Reconnaissez que c’est un fait". Nous sommes d’accord. "Admettez qu’elle a permis le décollage et la croissance d’une partie du monde notamment en Asie". C’est vrai !
Mais le problème n’est pas là. Le problème est que la mondialisation est d’abord et avant tout une mondialisation financière. Et c’est pour cette raison qu’elle est dangereuse, instable, difficile à contrôler. Comme on le constate en ce moment même. Où va le monde avec la recherche d’une rentabilité de 15, 20, 25% des fonds de placement ?
La révolution, c’est que pour la première fois dans l’histoire, la mondialisation est en train d’aboutir à la mise en concurrence directe de tous les travailleurs de tous les pays. C’est pourquoi l’opinion publique est en train de basculer, dans beaucoup de pays développés, vers une peur de la mondialisation.
Il va être très difficile de mettre en place des régulations et des protections, tant les rapports de force sont défavorables, tant cela est contraire à l’hyper-idéologie hyper-dominante. Elles sont pourtant indispensables. Et cela ne pourra se faire qu’en étroite liaison avec le mouvement syndical européen et mondial.
Désormais, le compromis entre le travail et le capital ne peut se construire qu’à l’échelle mondiale. C’est donc à l’échelle mondiale qu’il va falloir mener une gigantesque bataille, qui est d’abord une bataille idéologique.

2) La démocratie sociale doit être pour l’avenir un thème central des socialistes. Ségolène Royal a raison, nous avons besoin d’un syndicalisme de masse C’est une condition nécessaire à la fois pour équilibrer le pouvoir des actionnaires et pour élaborer de meilleurs compromis dans l’entreprise. La démocratie sociale passe évidemment par une représentation forte des salariés dans les conseils de surveillance et les conseils d’administrations. A partir du moment où le syndicalisme sera fort, des négociations seront possibles jusqu’au niveau de l’entreprise.

3) Notre modèle social est entièrement à reconstruire. Plus de solidarité, plus de justice, beaucoup moins de dispositifs et de guichets. Admettons que les normes de portée générale butent sur la complexité du réel et la diversité des situations. Recherchons-donc, chaque fois que possible, l’individualisation des réponses, qu’il s’agisse de chômage, d’insertion ou de formation.

4) Education : Priorité au soutien scolaire gratuit pour tous les élèves qui en ont besoin, à une information sur les métiers plus développée et plus en amont, à des "écoles de parents", aux écoles de la deuxième chance pour ceux qui ont échoué dans le système scolaire.

5) International : La défense des droits de l’homme doit cesser d’être une incantation pour devenir une pratique raisonnée et conduite autant que possible à l’échelle de l’Europe.
Le terrorisme est la menace numéro 1. On ne peut y répondre qu’en accroissant et en améliorant la coopération internationale qui repose, au niveau des services, sur la confiance.
L’intégrisme islamique, organisé et pas individuel, constitue une agression en règle contre les valeurs sur lesquelles sont fondés à la fois la démocratie et les droits de l’homme au niveau international. Je suis convaincu que nous ne sommes pas loin d’une guerre des civilisations. A cela, deux réponses :
- ne soyons plus naïfs
- encourageons partout, de toutes nos forces, l’émergence d’un islam laïque et progressiste.

6) L’Europe, enfin
Disons la vérité : l’élan est perdu, la foi européenne est à reconstruire. La question centrale n’est pas celle d’un traité européen, mini ou pas. La question centrale est : à quoi sert l’Europe ?
Je suis certain qu’elle est plus que jamais indispensable, comme espace de valeurs partagées, de solidarités et, potentiellement, de croissance économique. Mais cela reste entièrement à démontrer à nos concitoyens européens. Dans l’immédiat, une seule voie : un moratoire sur les élargissements, la recherche d’un minimum de protection par rapport à la course folle au moins-disant social, enfin l’Europe concrète, celle des peuples et des profits, l’Europe par la preuve.

Jean-Louis BIANCO, Député des Alpes de Haute-Provence
Publié par Betapolitique.
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27 août 2007 1 27 /08 /août /2007 16:15











Le Discours de Ségolène Royal

"Une nouvelle étape dans la façon de penser et d'agir"
Pour lire le discours, cliquer.

Merci à Antoine pour les photos.


Interview de Ségolène Royal sur France 3



Le témoignage de Gérard Denecker

"J’ai assisté à la Fête de la Rose à Melle autour de la candidate à qui 17 millions de Français ont fait confiance en mai dernier. Noyé parmi les 3000 participants, j’ai écouté, j’ai échangé, dans la chaude ambiance de cette fête estivale.


Ce qui me frappe, c’est la sérénité de Ségolène Royal, sans esprit de revanche, sans amertume, en contraste avec « la chaude affection littéraire qui l’entoure en cette rentrée » (1).  La priorité aussi donnée au « travail collectif de longue haleine » et la volonté de participer à une « rénovation profonde de nos méthodes et de certaines de nos valeurs », en rejetant tout esprit de compétition. « Il faut être inventifs, créatifs, ne pas seulement déplorer ce qui n’est plus, mais repérer et comprendre les prémisses d’autres possibles ».

Des propos soucieux de tenir compte des « leçons de la présidentielle » pour redéfinir des réponses socialistes « en prise directe sur la société », pour organiser un « grand parti moderne, portes et fenêtres largement ouvertes », en partant d’une « analyse sans œillères des réalités » telles qu’elles sont autant que des attentes des Français.

Des propos qui amorcent le comment inscrire la réflexion dans le cadre de cette réalité qu’est l’économie de marché, « sans pour autant lui faire confiance pour assurer la justice sociale et la cohésion démocratique des sociétés ». Des propos pour réfléchir au bien fondé de la critique de gauche de l’individualisme, une gauche pourtant si soucieuse des droits de chaque être humain au travail, au logement, au savoir, à la santé afin d’assurer le plein épanouissement de chacun dans un cadre collectif de justice et de solidarité.

Ce discours de Melle est le premier grand discours politique à gauche depuis la présidentielle, intervention longuement applaudie par des militants dont nombre m’ont déclaré retrouver confiance. Un discours extérieur aux mesquines querelles, ouvert sur des pistes de réflexion nouvelles pour rebâtir un grand parti moderne au service de la France et des Français. Et il est réconfortant d’entendre Ségolène inviter les socialistes à adopter « la même attitude intellectuelle que celle d’un chercheur devant un problème nouveau : modestie mais obstination, esprit de curiosité et d’inventivité, rassemblement des intelligences, invention de nouvelles façons de faire, de se parler et de réfléchir ».

(1) C’est dit par Ségolène Royal avec humour et sérénité au moment où quelques nostalgiques se défoulent en livres polémiques allant jusqu’à accuser la candidate d’avoir " de complicité idéologique avec la droite" (Liennemann) …"
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29 juillet 2007 7 29 /07 /juillet /2007 14:24
    C’est à Epinay en 1971 que naît le PS d’aujourd’hui : la vieille SFIO a vécu et il s’agit de refonder un parti nouveau. Il se construit sur le débat d’idées en son sein et met en place un type d’organisation considéré à l’époque comme vivifiant, reposant sur les courants de pensée et les choix de direction à la proportionnelle.

    Il y a de cela 36 ans … Depuis les courants de pensée sont devenus des tendances et les tendances des clans ; ces clans se sont imposés comme de véritables partis dans le parti : aujourd’hui chaque clan a ses réseaux, ses activités propres, son chef, son site,  L’évolution se fait en parallèle à la présidentialisation croissante du régime, ce qui finit par donner aux chefs de clans un égo surdimensionné. Chacun d’eux dispose aujourd’hui d’un appareil, de lieutenants-flingueurs, devenus experts en phrases assassines… dont les médias ont été abreuvés tout au long de la campagne de désignation de la candidate et hélas bien au-delà …

    « Eléphantillage », une pratique politique, un comportement inhérent à ce qui est devenu un « communautarisme de clan », lequel génère débinage, persiflage, canardage, etc … mots qui riment étrangement avec « enfantillage » ! Dès le 6 mai, les vaincus des primaires socialistes, pressés d’entrer à nouveau en lice, ont entonné sur les écrans le cantique des lamentations sur la « défaite », accompagnées de réflexions blessantes et cruelles.

    « Eléphantillage », des livres de lieutenants-flingueurs aux pages fielleuses, et on nous en annonce une demi-douzaine écrits par d'irascibles plumitifs dont la réflexion politique semble se limiter à déverser leur bile de rentrée sur la candidate de leur propre parti ! L’un d’eux entre même au bureau national, en sosie d’un chef de clan qui se met en veille…

    Ce n’est pas tout, l’ « éléphantillage » nous a conduit au fil des ans à un parti que d’aucuns qualifient d’immobile. Nous n’avons pas tranché sur des sujets de société majeurs, ni remis en cause notre attachement, devenu archaïque, à l’économie administrée, tant est lourd le poids des appareils de clans ! Ils n’acceptent que des compromis qui ne les gênent pas, même s’ils ne répondent guère aux problèmes nouveaux que pose notre société en mutation, et en guise de bilan, ils se limitent à déclarer ensuite cette élection « imperdable » ...

    La première rupture qui s’impose touche donc au mode de fonctionnement du PS qui génère ce phénomène claniste. La proportionnelle était novatrice à Epinay après la sclérose du molletisme. Elle impliquait que le 1er secrétaire soit élu par le Comité Directeur ; maintenant ce sont les militants qui le choisissent, ce qui marque une première prise en compte de la présidentialisation de la vie politique, en contradiction avec le jeu des tendances et des clans.

    Pourquoi ne pas reconnaître cette contradiction et inverser l’ordre des facteurs pour procéder en premier à l'élection d'un(e) 1er secrétaire avec son programme et son équipe face à une opposition interne et à son candidat ? Le moment est propice pour cette élection qu’il serait salutaire d’envisager le plus tôt possible. Rien ne serait pire que de reprendre le jeu pervers de la concurrence des motions, même s’il faut s’attendre à une vive réaction des clans qui vont jouer leur … survie …
Mais les militants ont le droit, cette fois-ci, de ne pas se laisser impressionner, de manifester leur ras le bol et d’imposer leur volonté !

Gérard Denecker,
membre du Comité Directeur du PS lors du Congrès d'Epinay en 1971.                                                                              
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28 juillet 2007 6 28 /07 /juillet /2007 15:14

Fête de la Rose à Melle

Samedi 25 août 2007
de 12 heures à 19 heures

Message de Ségolène Royal

Chers amis,
J'organise avec la fédération PS des Deux-Sèvres et sa première secrétaire Françoise Billy, une Fête de la Rose le samedi 25 août prochain à Melle. Je souhaite vous y inviter afin que cette fête soit l'occasion d'un rassemblement amical pour les socialistes, les sympathisants, nos amis de la gauche, et bien sûr Désirs d'Avenir.
Au programme, sont prévus, outre la partie politique, un grand pique-nique, un marché de produits locaux et des concerts.
Sur le plan pratique, cette fête commencera à midi pour se terminer dans la fin de l'après-midi. Des navettes en car seront organisées au départ de la gare TGV de Poitiers toute la matinée jusqu'à 14 heures, puis pour le retour. Si vous venez de trop loin pour faire l'aller-retour dans la journée, n'hésitez pas à profiter des hébergements disponibles dans le beau département des Deux-Sèvres. Nous vous conseillons d'apporter votre pique-nique ou de profiter des stands et buvettes qui seront ouverts sur place.
Pour tous renseignements (hébergement, transports) vous pouvez consulter la page internet :
cliquer
Je serai très heureuse de vous retrouver à cette occasion.
Amitiés à toutes et à tous,
Ségolène Royal

Message de Delphine Batho,
députée des Deux-Sèvres

Bonsoir de Melle,
La fête de la Rose de Melle, c'est le samedi 25 août de 11h30 à 19h.
C'est une fête de la rose populaire dans un parc à Melle même.
Au programme : discours de Ségolène, concert, animations-jeux pour les enfants, stands des producteurs locaux, buvette, stand du PS...
C'est gratuit et ouvert à tout le monde.
Vous serez les bienvenus et une petite suggestion : vous devriez en profiter pour faire une petite virée touristique de quelques jours dans le coin, c'est très joli, il y a plein de choses à voir...
Amitiés socialistes,
Delphine
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28 juillet 2007 6 28 /07 /juillet /2007 15:07
Nicolas Sarkozy a reçu plus de sept millions d'euros de dons de particuliers pour financer sa campagne présidentielle, selon les documents transmis par l'ex-candidat UMP à la Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques, publiés ce vendredi au Journal Officiel. Son adversaire socialiste Ségolène Royal n'avait, elle, récolté que 100.000 euros de dons.

Parmi les 21.251.277 euros de recettes déclarées par Nicolas Sarkozy figurent 7.062.116 euros de "dons de personnes physiques". Pour financer le reste, près de 11 millions d'euros ont été empruntés à l'UMP qui a en outre payé directement 2,6 millions d'euros de dépenses de campagne.

Les dépenses du candidat Sarkozy ont atteint les 21.038.891 euros, qui se répartissaient essentiellement comme suit : 11,8 millions pour les réunions publiques et 2,8 millions pour la propagande imprimée. Il faut ajouter 856.000 euros pour les locaux des permanences, 668.000 pour les sites Internet, 548.000 pour le personnel de campagne, 528.000 pour les sondages et 359.000 pour la propagande audiovisuelle, entre autres.

Quant à Ségolène Royal, elle a déclaré 20.911.270 euros de recettes, dont 100.023 euros de dons de personnes physiques. Pour financer sa course à l'Elysée, le PS a nettement mis la main à la poche. Outre un prêt de 11 millions d'euros, la rue de Solférino a réalisé pour 2,1 millions de "versements définitifs", pour 2,2 millions de "concours en nature", tout en payant directement certaines dépenses de campagne à hauteur de 5,4 millions d'euros.

Ces dépenses se sont élevées à 20.712.043 euros, réparties ainsi : 7,2 millions pour les réunions publiques, 4,8 millions pour la propagande imprimée, 1,7 million pour le personnel de campagne (plus un million pour le personnel mis à disposition par le PS), 896.000 euros pour les locaux des permanences, 866.000 pour les sites Internet, 837.000 pour les enquêtes et sondages et 788.000 pour la propagande audiovisuelle, entre autres.

Le plafond des dépenses de campagne pour les deux finalistes de la présidentielle est fixé à 21,594 millions d'euros. La moitié des dépenses sont remboursées par l'Etat.

Les dépenses des candidats

Olivier Besancenot (LCR) 918.330 euros
Marie-George Buffet (PCF) 4.822.820 euros
Gérard Schivardi (soutenu notamment par le PT) 713.960 euros
François Bayrou (UDF, devenu MoDem) 9.746.518 euros
José Bové 1.204.278 euros
Dominique Voynet (Verts) 1.436.870 euros
Philippe de Villiers (MPF) 3.098.963 euros
Ségolène Royal (PS) 20.712.043 euros
Frédéric Nihous (CPNT) 844.280 euros
Jean-Marie Le Pen (FN) 9.683.564 euros
Arlette Laguiller (LO) 2.115.018 euros
Nicolas Sarkozy (UMP) 21.038.891 euros

Avec Agences
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20 juillet 2007 5 20 /07 /juillet /2007 13:21
La rénovation du PS, il y a longtemps qu'Arnaud Montebourg en a pris le chemin. Jamais au côté de François Hollande, dont le député de Saône-et-Loire juge sévèrement l'« immobilisme ». Minoritaire au sein de son camp toutes ces dernières années, il a finalement rallié Ségolène Royal, dont il fut l'un des porte-parole pendant la campagne présidentielle et dont il salue encore les avancées. Devenu n° 2 du groupe socialiste à l'Assemblée, Montebourg apprécie que les élus puissent y élaborer des « contre-propositions » politiques, afin d'armer le PS pour affronter la droite. Car, selon lui, il ne faudra pas six mois avant que retentissent les premiers échecs de Nicolas Sarkozy. Le voici déjà qui critique le projet de révision constitutionnelle du président de la République...
   
L'an passé, lors de la Fête de la rose, à Frangy-en-Bresse, vous aviez invité Ségolène Royal. Quand vous songez à l'année écoulée, quelle impression prédomine ?
Malgré une sévère défaite, Ségolène Royal a réussi à faire bouger le PS par l'extérieur, là où nous, les rénovateurs de l'intérieur, avions échoué : faire entrer dans le projet des socialistes des questions que le parti esquivait, telles que l'autorité républicaine, la reconstruction de la puissance politique face à la toute-puissance des marchés, le projet de VIe République, la conversion à la lutte contre la crise climatique, la réconciliation avec l'entreprise comme lieu de production de richesse et de fabrication négociée du contrat social. Voilà des pas de géant par rapport à l'immobilisme des dernières années ! Malgré ces avancées, l'impréparation politique et les divisions de la gauche ont contribué à la défaite. Les querelles d'écuries, de chapelles et de clans l'ont emporté sur le travail collectif et le désir commun de vaincre.

Quelle part de responsabilité porte Ségolène Royal dans cet échec ?
Les responsabilités sont partagées. Elle n'a pas su, ou pas pu, rassembler toutes les forces du parti, ni su ni pu être prête, comme le parti lui-même. Cela pose le problème des divisions internes, même si elles appartiennent à une histoire qui nous est de plus en plus étrangère.

Comment réagir ?
Nous nous retrouvons dans la situation de 2002, comme un désagréable retour à la case départ. Aucune des raisons de la défaite d'alors n'a été sérieusement analysée, il n'y a pas eu d'inventaire, l'ombre portée de Lionel Jospin pendant toutes ces années n'a pas permis de mesurer à quel point l'offre politique de la gauche s'était figée. Le risque existe que tout recommence comme en 2002, mais tout doit être fait pour interdire au PS de redevenir la SFIO, puissante dans certains fiefs locaux et durablement absente du pouvoir national.

Faut-il une clarification idéologique, au risque de la scission ?
Le niveau d'exigence dans la rénovation après cette troisième défaite exclut toute division. Nous avons le devoir de ne pas nous diviser, tout en organisant notre propre mutation. Si quelqu'un avait l'idée saugrenue d'une scission, nous donnerions un avantage politique décisif à Nicolas Sarkozy pour les dix années à venir.
   
Le PS a-t-il vécu ?
L'idéal socialiste demeure, mais le système des motions et des contributions du parti d'Epinay a vécu ! On se jette des désaccords à la figure pendant plusieurs mois, pour ensuite faire des synthèses artificielles en quelques heures. C'est incompatible avec le bon fonctionnement d'un grand parti de gauche, qui a le devoir de rechercher les points d'accord, de les mettre en valeur, pour réduire ensuite à leur juste expression les points de désaccord et les trancher. Le PS ne peut pas rester un parti d'opposants et de protestation, il doit être un parti de contre-propositions, de préparation de l'alternance. Nous devons inventer un système d'écoute de la société en utilisant ses 300 000 adhérents et ses 50 000 élus, qui ne parviennent pas à se faire entendre de l'appareil central. Il faut récrire toutes les règles du jeu, y compris en ouvrant les primaires à l'ensemble des électeurs de gauche - à l'italienne - pour désigner notre candidat en 2012.

Est-ce l'état du parti qui l'a mis à la merci de Nicolas Sarkozy ?
La gauche et le PS paient très cher la facture de l'immobilisme. A ne vouloir rien changer, à espérer que les alternances viendraient automatiquement, comme si la paresse pouvait être payée en retour, à trop sous-estimer l'adversaire, nous nous sommes condamnés à rester minoritaires. J'ai beaucoup médité sur ma part de responsabilité dans l'histoire de la rénovation engagée au PS depuis 2002. Nous avons isolé, par nos comportements, les thèmes de la rénovation, et nous avons ainsi autorisé la vieille maison, dirigée par François Hollande, à nous diaboliser. Une famille où la transmission ne se fait pas vers les nouvelles générations, où l'on persécute sa jeunesse, même turbulente, c'est une famille qui a décidé de vieillir - peut-être de s'éteindre - sans se renouveler. C'est ce qui est arrivé ces dernières années. Nous avons pris le mauvais chemin pour nous faire entendre de nos aînés. Pour sauver le Parti socialiste, il faudra s'y prendre autrement.

Jean-Marc Ayrault toujours président du groupe à l'Assemblée, François Hollande premier secrétaire : la rénovation paraît mal engagée...
Il est évident que les premiers signes envoyés ne sont pas très positifs, alors que tous les partis sociaux-démocrates européens changent immédiatement les équipes dirigeantes après une défaite. Le risque d'une stratégie de la lenteur est très lourd. Aujourd'hui, c'est malheureusement le scénario de 2002 qui est à nouveau en marche. Avec une lueur d'espoir : le groupe socialiste à l'Assemblée est devenu un lieu de fabrication de contre-propositions politiques, sur tous les sujets esquivés par le parti ces dernières années - santé, retraites, éducation, immigration, mondialisation, industrie...

Quels sont vos rapports avec François Hollande ?
C'est le premier secrétaire. Il l'est jusqu'à l'an prochain.

A quoi doit ressembler son successeur ?
A quelqu'un capable de trancher, prenant des risques, préférant l'ouverture du parti à son repli et le remettant au travail collectif. Donc réellement différent.

Comment comptez-vous participer à la réforme institutionnelle voulue par Nicolas Sarkozy, alors qu'elle s'inscrit clairement dans le cadre de la Ve République ?
Considérer la Ve République comme un objet de culte est un contresens sur la désagrégation du système politique à la française. Pourquoi la Ve République a-t-elle perdu autant de soutiens dans la société ? Elle produit de l'enfermement, de l'isolement et de l'autoritarisme. Or il ne faut jamais confondre un pouvoir fort, capable de prendre des décisions et de réformer, avec un système autoritaire, incapable de discuter avec la société et de l'emmener vers son destin. Lors de la dernière élection présidentielle, les candidats porteurs de l'idée d'une VIe République étaient ultramajoritaires ! Sur ce sujet, Nicolas Sarkozy reste le conservateur obstiné d'un système moribond.

Comment la responsabilité du chef de l'Etat doit-elle, selon vous, être exercée ?
Le président est statutairement en position de ne pas être responsable, car il est un arbitre, qui doit faire respecter le pacte suprême et veiller à le respecter lui-même scrupuleusement. Le président ne gouverne pas, c'est le rôle du gouvernement. Qu'il le veuille ou non, c'est dans la Constitution, et il n'a aucune légitimité, sans le peuple souverain, pour décider de la transformer à son profit en s'arrogeant des prérogatives qui appartiennent au gouvernement. Il est incroyable que l'Elysée, aujourd'hui, rende des arbitrages budgétaires en lieu et place du Premier Ministre ; il est inadmissible que les conseillers de la présidence campent dans les ministères et chaperonnent les membres du gouvernement, en ayant plus de pouvoir qu'eux ! Vous, citoyens, nous, parlementaires, nous n'obtenons de comptes que d'un ministre sans pouvoir, alors que nous ne pouvons pas interroger le conseiller - celui-ci, d'ailleurs, n'a aucune existence statutaire. Et nous ne pourrons jamais interroger le président. Donc la responsabilité présidentielle n'existe pas, c'est une fiction, et c'est d'ailleurs pour cela que le général de Gaulle y a apposé un gouvernement, sous le contrôle du Parlement, accessible à la sanction (censure) et au questionnement permanent du pouvoir parlementaire.

Vous êtes en train de nous dire que Nicolas Sarkozy, depuis deux mois, ne respecte pas la Constitution...
Il ne respecte pas l'article 20 de la Constitution. Or il n'a aucun pouvoir pour abroger de fait cet article, selon lequel le gouvernement détermine et conduit la politique de la nation. Nous sommes dans un phénomène de concentration monarchique des pouvoirs, et de risque, à tout moment, d'excès de pouvoir. En l'état, la Constitution ne peut pas être modifiée par violations successives. Lorsque nous posons des questions à un ministre, par exemple Mme Pécresse, chargée des universités, mais qui a été dessaisie du dossier, comment fera-t-elle pour nous répondre ? Le président Sarkozy, en réalité, fait dériver le système institutionnel vers davantage d'irresponsabilité. C'est précisément de cet excès-là que la Ve République est en train de mourir. Nicolas Sarkozy prétend aujourd'hui qu'il sera responsable quand surviendront les premiers problèmes. Mais il ne sera responsable de rien ! Car personne ne pourra le questionner, ni le censurer ni le renverser.

Tout le monde veut renforcer le rôle du Parlement. Pour vous, quelles sont les pistes indispensables ?
Il faut renforcer tous les systèmes de contrôle : des commissions d'enquête libres, un contrôle sur les ministres, dont la responsabilité doit pouvoir être mise en cause par les parlementaires, une amélioration du contrôle de l'argent public, de la politique étrangère et militaire, qu'il s'agisse des opérations extérieures ou des négociations européennes, par exemple. Si le président augmente ses pouvoirs, en contrepartie le Parlement doit être libre. Supprimons l'article 49.3, sauf pour les lois de finances, où il se justifie encore. Réduisons l'usage des ordonnances, utilisées abusivement pour transposer les directives européennes. Les nominations dans les autorités dites indépendantes, comme le CSA ou la Cnil, doivent relever d'une majorité qualifiée des trois cinquièmes. Il faut enfin rendre le Parlement plus représentatif de la société, avec une réforme du Sénat - véritable anomalie - de la proportionnelle dans l'une des deux chambres et le vote des étrangers aux élections locales. Et puis il y a le mandat parlementaire unique, oublié opportunément par le président. Quant au Conseil constitutionnel, composé d'une façon excessivement politicienne, il doit devenir accessible au citoyen et ne pas être exclusivement chargé de sanctionner les excès de pouvoir du Parlement, mais aussi être en mesure de contrôler les actes de l'exécutif. Si un ministre viole la Constitution par une déclaration ou un acte, ceux-ci doivent être censurés.


Face à cette hyperprésidentialisation du régime, quels autres contrepoids prônez-vous ?
La justice est aujourd'hui une autorité déléguée ; il faut bâtir les conditions de la séparation des pouvoirs entre la justice et le gouvernement. Est-il normal que la carrière des magistrats dépende du gouvernement ou que les procureurs soient ceux du gouvernement plus que ceux de la République ? Le problème de l'indépendance des médias, dans une démocratie d'opinion où la personnalisation du système politique est poussée à l'extrême, doit faire partie de la réforme institutionnelle. De nombreux pays européens institutionnalisent des règles du jeu pour empêcher les intrusions du pouvoir politique dans le système médiatique et la connivence des pouvoirs économiques contrôlant les médias avec le pouvoir politique. Il faut imposer un statut pour les journalistes et les sociétés de journalistes, et interdire aux propriétaires de médias de vivre de la commande publique.

Un mot pour qualifier aujourd'hui Nicolas Sarkozy ?
L'homme qui voulait être Premier ministre.

Kouchner ?
Un sac de riz pour justifier la fin de l'impôt sur la fortune.

Rachida Dati ?
Une aventurière Place Vendôme.

François Hollande ?
L'ex-principal défaut de Ségolène Royal.

Bertrand Delanoë ?
Paris n'est pas la France.

Ségolène Royal ?
A la recherche du temps perdu.

Propos recueillis par Élise Karlin et Éric Mandonnet pour L'Express
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